Un jour, avec mon ami Leif « Lee Pee Ville », nous passions devant un magasin qui vendait des habits de pirates, pas des costumes de carnaval, mais de véritables habits de luxe et de style. D'ailleurs, le couturier avait réalisé des costumes pour de nombreux groupes de rock. Nous sommes entrés dans le magasin, j'ai essayé un manteau, et Leif m'a suggéré l'idée de créer un spectacle de grandes illusions sur le thème des pirates.
Nous avons passé la soirée au restaurant, et en quatre heures, j'ai écrit sur la nappe le spectacle de pirate. Le lendemain, j'ai annoncé à la direction du parc d'attractions où je travaillais que j'allais monter un spectacle de magie sur le thème des pirates. Ils n'avaient pas très bien compris ce que je voulais dire, mais ils m'ont donné carte blanche.
Le projet a débuté avec les costumes, qui m'ont coûté un rein et un bras (pour un pirate, ce n'est pas grave, j'avais des crochets en réserve). Puis sont venues les illusions : il me semblait évident de commencer avec un coffre à bijoux. Leif a eu l'idée de s'inspirer du tour de Siegfried et Roy où un faucon traverse un miroir, en l'adaptant avec un perroquet. J'étais d'abord réticent à l'idée d'utiliser un animal, mais Leif a insisté : un pirate sans perroquet n'est pas un vrai pirate. Alors direction Las Vegas !
Pour présenter ce tour, il fallait être deux, ce qui ne me plaisait pas. Je l'ai donc modifié à tel point que certains magiciens pensaient que j'avais deux perroquets. Ensuite, nous avons ajouté le tour des tonneaux. J'avais en tête les conseils du célèbre magicien Norm Nielsen : mieux vaut savoir faire quatre tours de magie correctement que dix médiocrement.
Le spectacle a pris forme, et nous avons fait appel à un chorégraphe (Boris), car cela n'avait plus rien à voir avec ce que nous faisions avant. Le jour J, nous avions rendez-vous avec la direction du parc, notre agence et la presse pour la première, mais je n'étais pas encore là. Têtu comme je suis, j'étais parti chercher un canon à 200 km du parc sans GPS et je m'étais perdu. Je suis arrivé 5 minutes avant la première du spectacle.
Tout le monde était là, curieux de voir ce spectacle hors du commun. J'avais transformé la scène comme dans le film "L'Île au trésor", c'était vraiment très beau. J'arrivais sur scène comme Tarzan, avec une corde, et dès que je posais les pieds sur scène, les canons retentissaient. C'était grandiose.
Je fais apparaître les bijoux dans la malle, les transforme en Sandra et veux faire apparaître le perroquet. Mais là, le perroquet, trop malin, est sorti de sa cachette tout seul et se trouve majestueux sur le tonneau. Cela n'a choqué personne. Je le prends et réalise la traversée du miroir, un miracle. Puis j'enchaîne sur une chasse aux pièces et je termine sur les tonneaux, un triomphe. Nous étions très contents.
Au début, le spectacle s'appelait « Capitaine Flyn et Lydia, les Magic Pirates ». D'ailleurs, une petite anecdote : lors de la visite chez Siegfried et Roy à Las Vegas, il y avait une chanson que Michael Jackson avait composée pour eux. Mon ami Rick le Fever (le meilleur sosie d'Elvis à ce jour) me dit que ce serait génial de faire une chanson "Magic Pirates" et hop, direction studio ! C'était fou mais tellement génial (merci mon Rick).
Je ne veux pas dire que nous étions les premiers à être habillés en pirates, mais je pense que nous avons marqué les esprits. La revue Magic aux États-Unis publie une photo de nous, j'étais comme un gosse. Puis nous faisions les premières pages dans les magazines, on ne s'arrêtait pas : le cirque de Moscou, le grand cabaret du monde, la Comédie-Française, le Palais des Congrès à Paris... C'était incroyable et loin d'être fini.
La sortie du film "Pirates des Caraïbes" a tout fait exploser, les soirées événementielles se sont acharnées sur le thème des pirates et, comme j'étais déjà sur place, tandis que les imitations se mettaient en place, j'avais largement le temps de tout rafler. C'était fou. À Berlin, un organisateur a fait venir deux camions avec du sable blanc pour nous créer une scène plus réaliste.
Cela fait 25 ans que je joue le même spectacle, je suis resté fidèle à mon personnage, même si aujourd'hui je dévie un peu pour des raisons de logistique et de budget.
Rester fidèle à soi-même, croire en soi et toujours travailler avec plaisir, voilà la réussite d'un succès à long terme.
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